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Fabienne Lange Daigneux, reine de Liège !

Interviews vendredi 4 décembre 2009
Fabienne Lange Daigneux, reine de Liège ! 2008 avait déjà laissé entrevoir ses talents de cavalière jeunes chevaux, le Jumping de Liège l'aura mise sur le devant de la scène internationale. Alors qu'elle ne figurait même pas encore au ranking mondial en avril dernier, elle se hisse aujourd'hui à la 783ème place mondiale en grappillant 156 positions le mois dernier. Installée sur les hauteurs de Huy en province de Liège, Fabienne Lange Daigneux profite des moments de bonheur que ses deux huit ans lui ont procuré cette année. Preuve que le travail finit toujours par payer … Reine-Fée des Hazalles (Alcatraz x Non Stop)

Quand et comment as-tu débuté dans les chevaux ?

 

Depuis que je suis bébé ! En fait, mes parents n'étaient pas dans le milieu des chevaux … mais c'était le rêve de ma mère. Elle m'a dès lors mise à cheval pour avoir l'autorisation d'en avoir un pour elle tout en ayant bonne conscience. J'ai juste arrêté de monter à cheval de 14 à 19 ans suite à un conflit avec ma mère qui ne voulait pas me laisser sortir car je devais aller au concours le lendemain, j'ai donc décidé de tout arrêter. Et j'ai également arrêté les 6 premiers mois après avoir décidé de reprendre mes études.

Bayard de la Villa Theresia (Kashmir van't Schuttershof x Camus)

Qu'est ce qui t'a poussé à faire des études de vétérinaire ?

 

En fait, je suis allé voir pendant un petit temps mon frère, aujourd'hui vétérinaire - ostéopathe, qui était toujours aux études à un moment où j'avais décidé d'arrêter de monter à cheval tellement j'avais mal au genou. J'avais trouvé du travail dans une grande surface mais j'avais trois semaines de libre devant moi … et je me suis aperçue que ça m'intéressait beaucoup. Mes parents m'ont également beaucoup poussée et j'ai donc débuté des études de vétérinaire au mois de décembre de mes 26 ans.

Comment trouves-tu un équilibre entre ta profession de vétérinaire et ta vie de cavalière ?

 

En fait, il n'y a pas vraiment d'équilibre car je passe plus de temps à cheval que comme vétérinaire. En fait, le problème c'est que je suis trop impliquée dans les chevaux pour que les gens aient envie de me voir dans leurs écuries. Si, on m'appellera pour une colique ou une suture … mais pour une boiterie, personne n'a envie de me voir même si je suis tenu au secret professionnel. C'est ça qui au début m'a fait décrocher au niveau véto.

Est-ce que tu conseilles aujourd'hui à tes élèves de poursuivre leurs études ?

Je les oblige même ! En tout cas, au minimum jusqu'à leur rhéto. Après, je leur conseille vivement. D'autant plus que je vois que ça a changé ma vie : monter à cheval avec mon diplôme ou sans mon diplôme, ça n'a rien à voir !

Quand on voit toutes tes activités : cavalière, véto, professeur à l'école de Gesves, professeur d'équitation … , on pourrait se demander si tu ne suis pas une thérapie par le travail ?

 

Non, il n'y a pas de thérapie. Tout s'est fait l'un dans l'autre. Je suis devenue professeur à Gesves au décès de mon mari car cela m'apportait une certaine stabilité et en plus, j'aime ça. J'y donne des cours de pathologie. Mon travail de vétérinaire et de prof me permet de monter à cheval en toute sérénité car je ne dois pas manger de ça. J'ai dû vivre de cela pendant un petit temps et il est certain que l'on ne voit pas les choses de la même manière et on ne monte pas à cheval de la même manière.

Qu'est ce que t'apporte chacun de ces boulots dans ton équilibre ?

Monter à cheval pour moi, c'est primordial. Je ne sais pas ce que je vais faire le jour où je ne pourrai plus monter. Véto, je pense que ça m'a apporté un peu de confiance en moi en me montrant que j'étais capable de réussir quelque chose. Intellectuellement, c'est très agréable quand même car il y a aussi de la recherche. Au niveau de l'école d'équitation de Gesves, c'est une sécurité. Professeur d'équitation, je ne le suis pas mais j'aime beaucoup aider les jeunes qui en veulent, ça me fait vraiment plaisir mais ce n'est pas une source de revenus.

Comment as-tu organisé ton écurie ? Quels sont tes propriétaires et quels sont tes objectifs ?

Je n'ai pas beaucoup de propriétaires. J'en ai 3-4 dont la plupart sont des éleveurs avec qui je travaille depuis longtemps comme monsieur Lamette de l'élevage des Hazalles, la famille Gustin de l'élevage du Houmier, la famille Wera de l'élevage de la Hamente ou encore madame Franchimont mais qui a décidé d'arrêter cette année. J'aimerais beaucoup ne plus monter de chevaux sans véritable avenir. Non seulement pour moi, mais également pour les propriétaires car lorsqu'on investit pendant X temps dans des chevaux qui ne sont pas capables de faire de bonnes épreuves : tout le monde perd de l'argent. Ici, je sais qu'il y en a quelques uns qui l'ont très mal pris mais lorsque je pense, et je peux me tromper, que les chevaux ne sont pas vraiment des chevaux pour faire de grosses épreuves : je conseille de ne pas les laisser chez moi, je conseille de ne pas les garder. Parfois ce n'est pas bien pris, mais je pense que c'est le seul moyen de s'en sortir et dans le sens où je ne suis pas obligée de les monter pour me nourrir, ça me permet un peu de me limiter.

Quand on voit l'année 2008 avec Bamiro qui remporte le championnat de Belgique des 7 ans sous la selle d'Hervé Godignon, Bayard de la Villa Theresia qui fait le hattrick parfait en remportant les 3 épreuves du criterium des 7 ans sous la selle de Gregory Wathelet puis toi-même qui est finaliste du championnat du monde des 7 ans avec Reine-Fee des Hazalles. Quelle satisfaction en as-tu retirée ? As-tu senti une reconnaissance des autres cavaliers et propriétaires ? Bamiro (Heartbreaker x Ramiro) avec Fabienne Lange & Hervé Godignon Satisfaction, oui, surtout que ce sont tous des chevaux que j'ai eus jeunes à part Bamiro qui est arrivé un peu plus tard. Je les ai donc construits moi-même et à ce niveau là comme satisfaction, on ne peut pas trouver mieux. C'était vraiment une résultante de mon travail. Il y avait également dans cette génération là Robins de la Hamente Verlaine qui a toujours été devant les autres en 5 et 6 ans mais fut ensuite vendue dans le sud. Reconnaissance des autres cavaliers … je ne crois pas. Aussi étonnant que ça puisse être, cela ne m'a amené aucun autre cheval. Je pense que je ne serai jamais une grande cavalière mais je pense que j'ai quand même prouvé ce dont j'étais capable car il n'y a pas que ceux là, il y a aussi au moins 5-6 chevaux que j'ai vendus ou qui ont été vendus par leurs propriétaires lorsqu'ils avaient 8-9 ans et qui tournent aujourd'hui en Coupe du monde. Et je pense vraiment que mon job, c'est de les former.

Quelle est justement ta vision de la formation des jeunes chevaux ?

Le temps ! Accepter de leur laisser faire leurs fautes et leur apprentissage à leur rythme et … naturellement.

Bayard de la Villa Theresia & Gregory Wathelet

Que penses-tu du cycle classique : de son coût, des parcours, du nombre de manche …  ?

Il n'y a pas assez de cycles ! Cette année, il n'y en avait que 12, on est censé en faire 10 … certains sont très loin et donc si on fait le cycle, on n'a pas trop le choix et on ne sait quasiment rien faire d'autre. Cette année, je suis un peu partie en international et j'étais coincée entre l'un et l'autre. Le coût, je trouve que ça va. Pour les parcours … Je dois dire qu'on a eu de plus belles pistes et de plus beaux parcours en Wallonie plutôt qu'en Flandres et cela fait déjà quelque temps que cela dure. Formateur : ça va. Disons que moi, pour les 4 ans, je ne suis pas vraiment pour. 5-6-7, c'est un bon apprentissage.

Epichine van het Oude Hof (Chin Chin x Quidam de Revel)

Comment as-tu vécu cette année avec ce départ en CSI et qu'est-ce que tu en retiens ?

C'est une des plus belles années que j'ai eu dans ma vie. Pour moi, c'est un rêve. Avoir deux chevaux comme Reine-Fee et Bayard, je pense qu'il y a beaucoup de cavaliers qui rêveraient de les avoir.

Comment as-tu justement réussi à gérer ton planning entre les CSI, les jeunes chevaux et tes autres activités ? As-tu réussi d'ailleurs ?

 

Oui, je pense que j'ai réussi puisque mes jeunes chevaux étaient qualifiés pour le championnat de Belgique de Gesves même si il y a une fois ou deux où ce n'est pas moi, mais mon fils qui est allé les monter. Je n'ai quand même pas eu toutes mes sélections pour les csi non plus, j'y allais une fois tous les 15 jours ? 3 semaines et quand je n'étais pas en CSI, j'étais aux cycles.

Chellachic Z (Chellano x Concorde)

C'est difficile à vivre lorsqu'on a deux chevaux qui débutent d'obtenir ses sélections ?

Oui, surtout que je n'avais aucun point au début puisque cela faisait de nombreuses années que je n'avais plus rien fait donc c'est sûr que je ne passais pas avant les autres. Ici, en fin de saison comme j'ai fait une bonne année, j'ai eu les dernières sélections que j'ai demandées. Au début, c'était logique que je ne les aie pas toutes.

Quelle a été l'évolution de Reine-Fee et Bayard depuis que tu les as chez toi et comment sont-ils arrivés chez toi ? Reine-Fée a toujours été excellente. Elle a gagné les 4 ans, le peu qu'elle a fait à 5 ans : elle était sans-faute. Dans les premières du cycle des 6 ans, premier cheval sBs des 7 ans. On ne va même pas en parler : elle a toujours été là ! Elle est arrivée chez moi parce que je montais déjà sa maman et j'avais également Vangelo des Hazalles qui a été vendu depuis lors et tourne actuellement en Coupe du monde en Australie. Bayard, je l'ai connu au mois de février de ses 4 ans. Il appartenait à Eddy Sepul et je lui ai racheté lorsqu'il a décidé de ne pas faire de jeunes chevaux. Au départ, je n'avais acheté que la moitié puis j'ai acheté la totalité du cheval. A 4 ans, comme il était à moi, il a fait un parcours puis il est retourné au pré. A 5 ans, il a fait 4-5 tours. A 6 ans, il s'est mis un tout petit peu à travailler puis à 7 ans … Grégory (Wathelet) l'a un peu monté comme je m'étais cassée le genou et j'avais peur de me faire mal car il était trop violent pour moi puis je crois que c'était une très bonne chose pour le cheval. Par contre, je ne sais pas pourquoi je l'ai acheté. Je ne sais pas ce qui m'a plu en lui et pour chaque cheval que j'achète, c'est la même chose : je ne sais pas pourquoi !

Comment as-tu vécu le Jumping de Liège ?

 

Ah bah alors là … J'étais sur un petit nuage. Au départ, je me dis que je ne vais pas pouvoir monter … finalement, j'y monte en me disant que je vais faire les toutes petites épreuves puis finalement un peu poussée par Philippe Lejeune et Gregory Wathelet, je fais les grosses … et il y a tout qui va bien ! Devant mon public, devant mes amis, devant ma famille … c'est extraordinaire. Je pense aussi que mes élèves étaient fiers et je pense que je ne peux leur apporter quelque chose que s'ils croient en moi, donc c'est bien pour eux d'avoir vu tout ça. Ce sont des moments inoubliables qui n'ont pas de prix.

Quels sont tes objectifs maintenant ?

J'aimerais beaucoup pouvoir encore faire ce que j'ai fait cette année. Si je pouvais encore avoir mes chevaux pour faire du 2-3 étoiles, ça m'intéresserait. J'aimerais bien trouver un ou deux chevaux pour venir avec car c'est un peu lourd quand tu n'as que ces deux là et éventuellement avoir quelques jeunes à former. Ici, je n'en ai pas de trop, je n'ai pas eu beaucoup de propositions, ni de demandes cette année.