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Daniel Meech, un kiwi retombé dans l'oubli !

Interviews jeudi 14 août 2008

Daniel Meech, un kiwi retombé dans l'oubli !

Lors des JO d'Athènes, un cavalier Néo Zélandais forçait l'admiration en se qualifiant pour la finale individuelle. Après la première manche, il était toujours en course pour une médaille avant de tout perdre sur l'ultime parcours mai terminera néanmoins à une très honorable 12 ème place finale. Quelques semaines plus tard, il remportera le Grand Prix ***** de Kuala Lumpur … pourtant, seulement quatre ans après son exploit, peu de gens s'en souviennent et le grand public semble l'avoir complètement oublié.

 

Daniel Meech & Sorbas représenteront la Nouvelle Zélande à Hong Kong

Son nom, Daniel Meech. Aujourd'hui, à 34 ans, le cavalier Kiwi a pourtant rejoint Hong Kong pour ses troisièmes olympiades. Les jeux en valent ils vraiment la chandelle ?

Il y a quelques semaines, lors de la dernière préparation de l'équipe Néo Zélandaise avant leur quarantaine, nous avons rencontré Daniel Meech à l'occasion du CSI*** de Wisbecq.

Lorsque l'on vous remémore Athènes, que vous revient il à l'esprit ?

En premier lieu, le fait que j'ai été très proche d'une médaille. Au fond, c'est un peu amusant. On était évidemment très content du résultat mais d'un autre côté passé aussi près d'une médaille … Cela n'arrive pas souvent dans une vie.

 

Qu'est ce que vous espériez en allant là-bas ?

Daniel Meech & Thisbe

J'espérais faire un bon résultat. J'ai commencé à monter Diagonal à la fin de son année de 7 ans et cela faisait donc deux ans que je le montais. Nous l'avions acheté dans l'objectif de faire les Jeux Olympiques. Mon but était d'arriver en finale et là, je pense que tout peut arriver. J'avais un cheval avec énormément de moyens donc j'avais toutes mes chances car il me donnait un feeling incroyable.

Comment l'avez-vous préparé durant la saison dans l'objectif de ces Jeux ?

A 8 ans, il a d'abord évolué dans les Youngster en Allemagne. A 9 ans, je l'ai mis dans quelques épreuves un peu plus grosses. Il débuta en Grand Prix au Sunshine tour où il se classera à chaque reprise trois semaines d'affilée en prenant la seconde place du Grand Prix invitanional. J'ai alors fait de beaux Grand Prix comme Dublin ou Calgary où il a fait des petites fautes d'inexpérience, mais il n'a jamais été en difficulté sur aucun de ces Grand Prix. Cela nous a permis de nous construire. Après Calgary, il a directement gagné le Grand Prix de Caen avant d'être classé à St Lô.

Début 2004, alors que la saison de concours extérieur débutait, Diagonal a eu un problème de tendon et j'ai dû l'arrêter. Après ça, je n'avais pas beaucoup de concours pour le remettre dans le bain avant les Jeux mais je n'ai pas stressé car après ce qu'il avait montré l'année précédente, je savais qu'il pouvait le faire même si le temps était court.

Après les JO, nous avons encore remporté le Grand Prix cinq étoiles de Kuala Lumpur, mais il a de nouveau eu un problème au tendon et mon sponsor n'était plus très chaud. Le cheval était encore jeune et il commençait à tergiverser alors j'ai préféré me retirer et c'est comme ça que mon histoire s'est terminée avec Diagonal.

 

Est-ce qu'il est plus difficile ou plus facile de faire un planning préparatoire pour un tel évènement lorsque l'on est Néo-Zélandais qu'Européen ?

Nous sommes installés en Europe pour être au contact des meilleurs. Par contre, il est vraiment difficile pour nous d'être invité lors des gros concours. On doit alors prévoir très tôt nos concours avec un agenda qui se modifie régulièrement car nous recevons parfois des invitations très tardivement lorsqu'il reste des places aux organisateurs. Ce n'est pas l'idéal, mais il faut faire avec. Avec le cheval que je prépare pour ces Jeux d'Hong Kong, j'ai vraiment joué de malchance lors de ma préparation. J'ai emmené Sorbas au Sunshine tour pour débuter la saison extérieure mais il est tombé après le premier obstacle du warm up et j'ai dû le mettre au repos plusieurs semaines. Je l'ai resorti à Drammen où il a sauté sans faute dans le Grand Prix, nous qualifiant par la même occasion pour les JO. Mais au final, je trouvais qu'il revenait plus vite que ce que je ne souhaitais au top de sa forme alors je lui ai donné quelques semaines de congés avant de faire Drammen. Maintenant, j'ai un très bon feeling avec le cheval et je pense que c'est un véritable cheval de championnat. Pour moi, il est au moins aussi bon que Diagonal et je trouve même qu'il est plus facile pour moi à monter.

Est-ce que votre résultat à Athènes a changé votre vie ?

 

Non, pas véritablement. Cela m'a apporté beaucoup de confiance en moi et cela me permet d'être beaucoup plus relax aujourd'hui par rapport aux évènements notamment dans la préparation de ces Jeux car je sais comment cela se passe. J'ai également obtenu le respect des autres cavaliers et ça, c'est évidemment très important car finalement, c'est que nous recherchons tous.

Cela m'a également ouvert énormément de portes. Après les Jeux, j'ai reçu énormément d'invitations pour me rendre à différents concours qui ne m'étaient pas accessibles. Ce fut d'ailleurs le cas pour Kuala Lumpur, j'avais demandé à y participer avant les Jeux mais j'avais reçu plusieurs réponses négatives et après Athènes, on m'a appelé pour me dire que je pouvais venir … et j'y ai gagné le Grand Prix !

Quel est votre sentiment lorsqu'on voit que, seulement 4 ans après, cela semble déjà si loin et que le grand public vous a déjà oublié.

Une chose que ces jeux m'ont apprise, c'est apprendre à être heureux pour moi-même. On doit apprendre à être heureux dans ce que l'on fait et non dans ce que les gens disent. Je pense que c'est vraiment la chose primordiale que j'ai apprise au long de ces 4 dernières années.

Daniel Meech & Vornado van de Hoendrik ont qualifié leur pays pour les Jeux Olympiques avant que le fils de Darco ne s'envole pour les USA où il est désormais monté par la fille de Bruce Springsteen. Il faut vraiment se rendre compte que nous venons de Nouvelle Zélande. Nous avons une manière de vivre différente. Les différences ne sont pas énormes mais elles existent. Les gens sont plus simples, plus calme et c'est difficile de venir s'installer en Europe, quitter le pays pour évoluer au plus haut niveau dans notre sport. De plus, lorsque je vivais en Allemagne, je savais que je ne trouverai pas de sponsors en Allemagne car je ne suis pas allemand. Je dois donc trouver des investisseurs en Nouvelle Zélande pour pouvoir évoluer en Europe. Je sais que je ne pourrai jamais être Ludger Beerbaum parce que je viens de Nouvelle Zélande et pour cela, je ne peux qu'être content de ce que je fais. Pour moi, la chose la plus motivante ce sont les Jeux Olympiques car c'est le seul endroit où tous les pays évoluent ensemble dans les mêmes compétitions. Nous avons évidement également les championnats du monde mais en Nouvelle Zélande, le saut d'obstacle n'est pas un grand sport alors que pour un petit pays comme la Nouvelle Zélande, participer aux Jeux Olympiques est quelque chose de très important même si j'ai évidement également envie de bien y figurer.

Il est clair que gagner le Grand Prix d'Aix la Chapelle serait quelque chose de fantastique ...mais il faut pouvoir déjà participer à ces concours. Lorsque j'ai gagné Kuala Lumpur, j'étais en photo dans tous les journaux en Nouvelle Zélande et j'ai été sollicité pour plusieurs interviews télévisées grâce à mes performances préalables aux Jeux. Il est clair que c'est très motivant pour donner le meilleur de soi.

Même en venant de Nouvelle Zélande, vous n'avez pas été surpris ou déçu de ne pas voir arriver des propriétaires ou des éleveurs qui auraient été intéressés de vous confier leurs chevaux après vos performances ?

Non, pas vraiment. Il y a tellement de bons cavaliers. De plus, il y a également la barrière de la langue et lorsque l'on y regarde de plus près, il y a très peu de bons sponsors qui injectent assez d'argent pour trouver des chevaux de très haut niveau. Actuellement, j'ai la chance d'avoir 3 chevaux dont les parents de Jannike West, ma compagne, sont propriétaires. Ce sont des propriétaires fantastiques qui ne me mettent aucune pression.

Lorsque j'ai eu la possibilité d'acheter Sorbas, ils m'ont fait confiance de suite et lorsqu'il s'est blessé, ils sont restés très relax et je pense que c'est important car quand ce n'est pas le cas, on veut bien faire et au final, on fait des trucs stupides. Tu ramènes ton cheval trop vite au concours, tu paniques, tu as plus de pressions à faire des résultats alors que là, je peux être plus calme et juste attendre pour le bon moment et cela paie puisque j'ai pu me qualifier pour les JO. Cela crée un respect entre nous et je pense que c'est un but dans la vie : trouver un sponsor avec qui l'on peut avoir de bonnes relations, être sûr qu'ils sont content de mon travail. J'entraîne également Janike, ma compagne, pour qui j'ai également de grandes ambitions en tant que cavalière. Depuis le début, j'ai toujours eu les Jeux Olympiques en point de mire. Cela fait 12 ans que j'ai participé à mes premiers jeux à Atlanta et je ne pense toujours qu'aux JO. J'ai travaillé pendant deux ans chez Paul Schockemoehle, c'était un travail très dur, parfois je n'en pouvais plus : vivre en Allemagne, loin de ma famille … mais je l'ai fait pour mon équitation. J'ai toujours visé les JO et me suis toujours concentré sur cet objectif. Ce fut la même chose lorsque j'ai trouvé le sponsor qui m'a acheté Diagonal : concentré tout sur les JO. J'ai presque réussi à atteindre mon objectif : une médaille olympique avant que mon cheval ne se blesse. Après cela, j'ai eu besoin de faire un break. Il est clair que si j'avais eu une écurie fournie avec de bons chevaux … j'aurais continué, mais ce n'était pas le cas. Je n'avais pas de chevaux pour faire les grosses épreuves et donc plus d'objectifs. La motivation n'était plus aussi forte que par le passé. Ce break m'a fait beaucoup de bien à moi-même car j'ai pu évacuer toute la pression que j'avais en moi et m'a permis d'être aujourd'hui plus détendu. En début d'année, avec l'approche des jeux, j'ai pris la décision de retourner m'installer chez Paul Schockemoehle jusqu'à Hong Kong pour être dans le meilleur contexte possible. Là-bas, tout est sur place : bonnes pistes, maréchal ferrant, véto … mais aussi de très bons entraîneurs. Je pense que mes chances de bien faire aux Jeux étaient de 60%, en allant là-bas, je pense qu'elles augmentent à 80%. Là-bas, tout le monde est concentré sur la même chose, il y a toujours quelqu'un pour m'aider à travailler, à faire sauter les chevaux, cela rend les choses plus faciles. Je pense que lorsque l'on veut évoluer au top, on doit être dans ce genre d'écurie.