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Daniel Demartin et son enfant gâté.

Interviews vendredi 6 janvier 2017
Daniel Demartin et son enfant gâté. Après des moments plus difficiles, l'étalon BWP Eldorado vh Vijverhof (Thunder vd Zuuthoeve x Omar x Fleuri du Manoir) a réalisé une fin de saison 2016 impressionnante avec des victoires à Lyon, Liège, Genève … ainsi que lors du Grand Prix des Longines Masters de Paris. Vendu lors des ventes aux enchères du BWP d'Anvers poulain pour 3500 euros, il arrivera ensuite chez Bernard Demets qui le vendra à ses propriétaires actuels, Daniel et Sophie Demartin que nous avons rencontrés au sein des écuries de Grégory Wathelet . Cavalier amateur dans sa jeunesse, Daniel Demartin a fait une pause avant que le virus ne le dévore de nouveau : « La rencontre avec Eldorado s'est faite chez Bernard Demets alors qu'il avait trois ans. Nous lui avions déjà acheté un trois ans qu'il avait sélectionné lors d'une tournée en Allemagne et que nous possédons évidemment toujours. Un an après, nous retournons dire bonjour et la rencontre se fait avec Eldorado … même si initialement, il n'était pas pour moi. Nous allions le voir avec Benny Vandervaeren pour quelqu'un qui cherchait un produit d'Argentinus. Nous sommes allés le voir sauter en liberté et tout de suite, il m'a tapé dans l'?il, plus pour ses clowneries d'abord car il n'avait aucun respect de l'homme, il venait droit sur vous et vous pouviez faire ce que vous vouliez, rien ne le tracassait. Sur les barres, il ne comprenait pas vraiment ce qu'il devait faire et n'en avait pas grand-chose à faire. J'ai ensuite réussi à convaincre ma chère et tendre Sophie que l'on s'en porte acquéreurs … ce qui a été fait ! C'était notre deuxième achat. L'histoire commence gentiment sans s'énerver. Dans la foulée, on décide de l'inscrire aux championnats de Belgique des 3 ans à Gesves où il termine second et remporte la médaille du roi. C'était déjà un moment fort émotionnellement pour nous et il a déjà montré à cette occasion qu'il aimait bien faire le show et qu'il aimait se présenter. C'était un moment assez sympa. Quand nous avons acquis Eldorado, il est venu nous rejoindre à Nivelle chez Herik Duran. C'est d'ailleurs avec lui que nous avons débuté le voyage avec la préparation en vue de la médaille du roi. Eldorado et ses anges-gardiens : Daniel & Sophie Demartin ainsi que Sylvain Benoit. Ensuite, le cheptel s'est agrandi, nous avons vu un poulain naître au haras de l'Aube, nous le trouvions très agréable à regarder, c'était Armani puis il y a eu Ravel qui est une jument de c?ur pour Sophie car c'est elle qui lui a permis de débuter l'équitation et que nous avons achetée à Herik Duran. Après cela, il y a eu une virée chez des copains où je suis rentré avec un van, un cheval, une selle et un poney. Le haut niveau est un secret enfoui en nous mais ce que nous recherchons avant tout c'est le plaisir, la passion et l'émotion. Avec Eldorado, nous avons toujours eu de l'émotion. Pourtant, durant 15 ans, je n'ai plus touché à un cheval. Je montais quand j'étais jeune jusqu'à ce que la vie professionnelle fasse que cela s'arrête. Un jour, un ami bijoutier nous a invité au Jumping de Bruxelles lorsqu'il était encore à Tour & Taxi. Sophie avait vraiment beaucoup aimé et avait été encore plus touchée que moi … puis c'est par notre fille qui, lorsqu'elle a eu 6 ans et demi, a voulu faire du sport. Elle ne savait pas trop quoi puis un jour, elle nous a dit qu'elle voulait faire de l'équitation et ça a été le cas pendant 10 ans. Je l'ai inscrite au manège où j'avais moi-même monté à Kortenberg… même s'il n'existe plus aujourd'hui. Six semaines après cela, je commençais à regarder pour acheter un cheval. Comme on fait bien les choses, on a acheté un étalon de trois ans non débourré et très facile à vivre à ce moment-là … mais lui a été castré. Avec Eldorado, l'idée au départ était liéà Benny Vandervaeren qui était un jeune cavalier talentueux, qui avait de l'ambition et travaillait pour Jos Kumps. L'aventure a donc débuté avec lui et nous avons pris beaucoup de plaisir ensemble. Ils ont fait le cycle des 5 ans ensemble mais ensuite Benny devait travailler pour le haras de Laubry et nous avons dû prendre d'autres dispositions. Philippe Le Jeune a alors commencé à monter Eldorado durant quelques mois jusqu'à son retour des championnats du monde. Philippe l'aimait bien, il trouvait qu'il avait de la force mais lui trouvait qu'il fallait le castrer et c'est parfois un point de divergence, même avec Grégory, mais pour ma part, je trouve que leur intégrité fait partie de leur tempérament. J'étais d'avis de le garder entier, Eldorado est donc revenu. Cela n'a pas été une déception, c'était juste une question de choix. On continue la route car peu importe qui a tel avis, moi, j'avais le mien et je voulais continuer gentiment dans ce sens-là. Il est resté pendant 6 mois avec nous et il n'y avait que moi et mon fils Clément qui le montait. Eldorado s'est bien amusé à nous malmener. Au milieu du cycle des 7 ans, Dayro Arroyave allait monter Quizz du Rivage qui était l'un de ses chevaux à l'époque et il m'a proposé que l'on saute ensemble … mais cela faisait plus de 15 ans que je n'avais plus sauté. Je me suis dit que finalement, pourquoi pas car le cheval savait le faire et après avoir vu nos péripéties, Dayro s'est dit, tiens … pourquoi pas, il a l'air d'avoir quelque chose. C'est comme ça que Dayro et Eldorado ont commencé à se connaitre.

Quelques mois plus tard, Erik Duran a eu besoin de place car du seul cheval que nous avions chez lui au départ, nous étions passés à six à cette époque … et il s'est dit que ce serait sympa si on pouvait libérer un peu de place. Nous sommes donc d'abord allés chez Christophe Lemagne à Braine Lalleud… mais en plus des six chevaux, nous avions également 5 poulains et on s'est dit qu'à un moment, il fallait quand même soit acheter quelque chose pour nous, soit on aurait été contraint et forcé d'en vendre, chose qui n'était pas vraiment dans nos prévisions, ni dans nos choix. On a eu la chance de tomber sur la propriété de Seneffe au moment où le propriétaire précédent devait vendre et on a profité de l'occasion qui a fait le larron. Notre vie a totalement changé car nous quittions une belle petite maison quatre façades facile d'entretien avec un petit jardin bien entretenu pour une propriété où il y avait beaucoup de travaux … . Puis vivre avec les chevaux à la maison, c'est quand même autre chose.

Le fait que sportivement, nos chevaux n'ont pas eu les mêmes carrières n'est pas important. Ce qui est important, c'est l'émotion que l'on peut avoir avec eux. Finalement, peu importe ce que l'on fait avec un cheval. L'important, c'est le plaisir qu'il nous procure quand on fait quelque chose avec lui. C'est aussi le plaisir de le faire en famille car c'est une passion familiale et nos trois enfants partagent cela avec nous et c'est fort agréable de pouvoir vivre cela.

Les deux étalons BWP évoluant avec Grégory Wathelet : Eldorado vh Vijverhof & Iron Man vd Padenborre Nous étions bien conscients qu'entre Dayro et Grégory, il y avait deux mondes de différences. Ce n'est pas péjoratif ni dans un sens, ni dans l'autre. C'est tout aussi gai aujourd'hui avec Grégory que cela l'a été avec Dayro mais c'est tout à fait différent comme sport. On savait que c'était dur pour le cheval de passer à un système professionnel venant d'un système bonne famille que l'on avait à la maison. Ce qui est formidable, c'est que le cheval a réussi à s'adapter tout en gardant son entrain et sa spontanéité comme il l'a encore montré lors de la séance photo avec Sylvain Benoit qui souffre parfois, comme toute l'équipe de Grégory, avec Eldorado. Pour nous, l'optique était avant tout de pouvoir continuer à prendre du plaisir en espérant qu'Eldorado pourrait intégrer le système de Gregory et y trouver sa place, ce qui finalement a été fait depuis le début car ils ont chaque fois progressé et il a eu le temps de se reposer et réfléchir entre les échéances. Maintenant, quand on joue, il faut aussi savoir s'attendre à perdre et être patient. C'est une chose primordiale pour les chevaux d'avoir le temps, ainsi que pour les cavaliers, pour pouvoir progresser. On ne peut rien faire contre les gens qui parlent, ce n'est pas primordial pour nous. Le principal, c'est le plaisir et il y en a toujours eu. Même quand Eldorado sortait avec des scores un peu plus lourds de deux ou trois barres, cela a toujours été du plaisir car je le connais par c?ur dans sa manière d'être. Ce que l'on salue vraiment, c'est que Grégory ne se soit jamais découragé parce que lui il a toujours cru en certaines choses même si, pour lui aussi, cela a parfois été plus dur à certains moments car pour lui, il y a peut-être un peu plus de pression que pour nous … même si elle ne vient pas de notre part car nous aimons le sport et Gregory est compétiteur. On essaie de suivre Eldorado au mieux. Quand on ne sait pas se déplacer, il y a internet, puis autrement, il y a des avions … . Quand on en rate un, on en trouve un autre, c'est ce qu'il y a de bien maintenant puis il y a toutes ces petites secondes qui deviennent pour tous les propriétaires, tous les cavaliers 300 secondes d'émotions, d'adrénaline sur un week-end, des moments qui apportent beaucoup de joie et de bonheur dans notre vie, qui permettent de remplir les réservoirs pour aller toujours un peu plus loin même si c'est parfois un peu moins bien. Lorsque nous arrivons au concours, nous allons systématiquement saluer Eldo en lui apportant quelques Tic-Tac aux fruits dont il raffole. Par contre, à partir du moment où Sylvain le prépare, nous les laissons tranquilles car Eldo peut avoir une attitude d'enfant gâté lorsque nous sommes présents. Nous le suivons ensuite de loin au paddock avec plusieurs propriétaires de Grégory qui sont vraiment fédérés autour de lui. Paris, c'est vraiment la consécration et on est très heureux d'avoir été présent même si c'était un week-end difficile car professionnellement parlant, on avait pas beaucoup dormi car on avait beaucoup travaillé avant puis on n'a pas tout vu car ce sont des moments tellement magiques que parfois, on a un peu peur de tout regarder mais ce sont des moments avec tellement d'émotion que l'on est content d'avoir été patients. Ce n'est pas parce que tout va bien que l'on va racheter des chevaux ou pas par la suite, les chevaux sont une douce drogue, c'est bien connu et ils ont tous leur particularité et il faut leur laisser le temps … mais c'est vrai que nous venons de faire deux belles acquisitions mais il faudra prendre le temps et espérer qu'on ait autant de chance. De toute façon, ils resteront avec nous car tous ceux qui arrivent chez nous y resteront. Ils y auront leur boxe, leur paille et leur nourriture et ce n'est pas les résultats sportifs qui feront qu'ils auront leur place ou non, c'est parce qu'on les aime, tout simplement. C'est toujours flatteur évidemment quand il y a des offres pour un cheval mais ça ne sert à rien que les gens se fatiguent, le choix a déjà été fait lors de son acquisition car lorsqu'il a gagné la médaille du roi, il y a eu des offres. A 6 ans alors qu'il n'avait pas encore fait grand-chose, à 7 ans même chose … mais c'est un choix. Nous préférons vivre de notre passion et de ces petits moments qui font que … La carrière d'étalon n'est pas une priorité non plus. La priorité, c'est le sport et je remercie toute l'équipe de Grégory pour leur travail, aussi bien le maréchal ferrant, le vétérinaire que tous les autres, visibles ou invisibles. Pour nous, ce n'est pas une priorité de dire qu'il doit être un étalon reproducteur absolument. Il n'est déjà pas toujours le plus facilement gérable de tous, et de toute façon, c'est Gregory qui décide ! Cela rend les choses plus faciles pour nous puisqu'on se laisse porter et c'est lui qui fait les grands choix.

La seule chose qui me pèse vraiment, c'est de ne pas pouvoir le voir au quotidien comme c'était le cas avant mais d'un autre côté, on sait qu'il est tellement bien choyé ici par l'équipe que cela rend les choses moins dures même si sa personnalité qui est assez attachante me manque au quotidien. Je viens néanmoins de manière hebdomadaire ici et cela compense.

On verra pour la suite mais nous ne sommes pas pressés, on lui souhaite encore une longue carrière en profitant de chaque instant qu'ils pourront nous offrir. Chaque fois qu'ils peuvent partir, ce sont des moments de joie et de vacances, ce qui est quand même formidable. Après la victoire à Paris, c'est vrai qu'il va peut-être y avoir une participation à Hong-Kong pour Eldorado … mais la seule pression qu'il y aurait dans ce cas, ce serait de ne pas rater l'avion ! La seule pression que j'ai demandé à Gregory de se mettre sur les épaules, c'est de se faire plaisir et de nous faire plaisir et il la gère bien je pense. »