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Championnat Europe Mannheim

Reportages jeudi 16 août 2007

Ch Europe Mannheim
Coupe des Nations

Après une épreuve de chasse d'une subtilité remarquable et unanimement appréciée des cavaliers, le parcours de la Coupe des Nations aura été quelque peu décevant avec des cotes sans excès et des distances ne proposant pas de réelles difficultés. Si d'un côté, cela aura permis de retrouver un nombre d'équipe impressionnant dans un mouchoir de poche. On peut néanmoins regretter le système utilisé pour cette coupe des Nations par les organisateurs. D'une part lors de la première manche, les cavaliers individuels ainsi que les 8 nations les moins performantes devaient en découdre le matin comme s'il s'agissait d'un championnat bis. Evidement, cela donne un attrait plus important pour les spectateurs qui peuvent suivre les 10 meilleures nations l'après-midi … mais ce système élitiste est-il vraiment acceptable pour un championnat. La météo très capricieuse de cette année 2007 aura épargné les organisateurs de Mannheim, mais que se seraient ils passé si les conditions climatiques s'étaient dégradées pour l'après-midi ou inversement ?? Toutes les équipes n'ont-elles pas droit au même chance ? Evidement, on peut comprendre l'intérêt médiatique même si la télévision allemande s'est faite assez discrète et qu'Equidia fut la seule chaîne de télévision étrangère présente ! On peut également regretter ce système de Coupe des Nations s'étalant sur deux jours, surtout que si l'intérêt était financier, il n'aura pas été très bien rentabilisé au vu du malheureusement faible taux de remplissage de ce stade de 15.000 personnes. Le prix des places ne correspondant pas forcément au faible temps de spectacle à vivre ! Après leur chasse remarquable l'équipe espagnole reculera néanmoins de 3 places alors qu'aucun de ses cavaliers ne fera plus de 4 points, à l'inverse l'équipe belge, pénalisée d'un seul petit point à l'issue de cette manche ne remontra pas d'une seule place ! L'épreuve de chasse aura donc tenu un rôle prépondérant dans ce championnat où seules les équipes qui se seront serrés les coudes auront réussi une belle performance. A l'inverse, la France n'aura même pas réussi à se qualifier parmi les 10 nations pouvant participer à la seconde manche … alors que ses quatre cavaliers étaient autorisés à y prendre part à titre individuel. Un règlement quelque peu farfelu, mais avec de grosses conséquences puisque la France ne sera pas qualifiée pour les JO de Pékin à Hong-Kong. « Je suis frustré de devoir quitter la compétition avant même qu'elle ne soit finie » admettait Gilles Bertran de Balanda. « Un championnat doit rester un championnat ». On aurait difficile de lui donner tord mais l'on ne pourra rien y changer. Le mentor des bleus se montrait par contre très aigri des approximations de certains de ses pilotes à commencer par Floriant Angot. « Il n'a pas respecté les consignes que l'on s'étaient fixées au départ pour la chasse. Je lui avais demandé de ne pas viser plus haut que la 8 ème place, contrat qu'il a respecté jusqu'à la moitié du parcours avant d'accélérer et de coucher trois barres sur le parcours : c'est inadmissible ! Nous sommes à un championnat d'Europe, pas sur un pro 1», répétait un coach attristé. « Je suis d'autant plus triste que j'ai longuement réfléchis à la meilleure équipe que je devais aligner ici, je n'en ai pas dormi certaines nuit. Lors du stage, je ne trouvais pas First au top de sa condition et j'ai hésité à faire partir Toulon et Hubert Bourdy qui étaient dans une spirale positive après Sao Paulo, mais fréquemment les chevaux ont un contrecoup une dizaine de jours après un tel effort … et cela aurait donc pu se produire en plein milieu de ces championnats. Mais lorsque je vois la façon dont Florian me remercie de l'avoir sélectionné…  » Conscient d'avoir fauté, le cavalier normand se ressaisira pour boucler une magnifique Coupe des Nations double sans-faute … mais c'est trop tard, trop tard également pour Olivier Guillon qui sentira Ionesco de Brekka « rentrer dans ces championnats » lors de la seconde manche par équipe … . Lorsque son score ne comptait plus qu'en individuel. Peut-être malgré lui, un peu à l'image de la France de Mannheim même si l'on ne pourra rien reprocher au jeune Kevin Staut, auteur d'un très bon championnat. Il a réussi à apporter sa pierre à l'édifice tout en engrangeant une précieuse expérience pour le futur, il aurait été difficile de lui en demander plus.

Perdu dans ses pensées, Michel Hécart n'aura quant à lui pas l'occasion de rentrer dans ces championnats préférant ne pas prendre part à la seconde manche après l'élimination de la France pensant qu'il n'avait plus rien à gagner de ces championnats … ne fut ce que pour l'esprit d'équipe … mais y en avait il vraiment un puisqu'à l'heure où la France jouera sa place en Super League, le cavalier du haras de la Roque a préféré prendre ses vacances.

La Belgique aura longtemps cru pouvoir rire des histoires de ses voisins après une première manche très encourageante bouclée avec un petit point de temps dépassé.

Malheureusement, la seconde manche fut tout autre. Alors que les espoirs de médaille étaient plus que permis la veille, ce sera finalement la dernière place de la seconde manche qui attendra le team Lamicell. Les deux leaders de l'équipe n'auront pas déçu : Jos Lansink alignant les sans-faute alors que Philippe Lejeune laissera engrangé de l'expérience à Vigo d'Arsouille tout en faisant profiter l'équipe de sa maîtrise. Pour un couple aussi jeune, qui oserait leur exprimer le moindre reproche après ce 1+5 lors des deux manches.

Les reproches pleuvront par contre à l'encontre de Judy Ann Melchior. Après une première manche où Grande Dame sauvera à plusieurs reprises sa cavalière pour terminer avec une seule barre, la cavalière de Zangersheide sortira, par contre, de manière tout à fait indigne lors de la seconde. Après une grosse faute, l'amazone préfèrera d'abord faire une volte avant d'abandonner un obstacle plus loin rejetant ainsi toute la pression sur Patrick Mc Entee qui fautera à deux reprises plongeant la Belgique dans les profondeurs du classement. Si l'attitude scandaleuse de la jeune cavalière a plongé toute la Belgique dans un jour noir que ses larmes n'apaiseront pas, il serait néanmoins trop facile de lui incomber toute la responsabilité de cet échec. Certes, Judy Ann a été arrêtée durant de longues semaines suite à une blessure et manquait de concours, mais elle a répondu à une sélection du staf belge et pas l'inverse. D'autres part, lors de cette seconde manche, elle n'a pas pu compter sur l'encadrement de Jan Tops et dont on avait peut-être un peu sous-estimé l'importance pour une jeune fille de son âge qui n'a pas encore beaucoup d'expérience dans ce genre de compétition.

A ce niveau, les propos du coach sonnent encore comme bien plus paradoxales.« Nous avons besoin de cavaliers qui se battent et l'abandon de Judy-Ann dans une coupe des Nations n'est vraiment pas normal. Elle a peur, mais dans ce cas là, elle doit dire qu'elle ne veut pas faire partie de l'équipe », déclarera Lucien Sommers pas spécialement tracassé après l'échec de la Belgique dans la lutte pour la qualification Olympique. Depuis quand les cavaliers ont-ils à décider s'ils sont prêt ou pas à faire partie de l'équipe ?? Depuis quand le sélectionneur national n'est il plus responsable de ses … sélections ? Un long travail de restructuration semble inéluctable pour l'avenir de notre pays, un mode de sélection neutre avec, à leur tête, des gens qui assumeraient enfin leurs choix ! Devant, les surprises s'accumulent. Auteurs d'une magnifique épreuve de chasse, les Espagnols agrippent une très belle 5 ème place … et un rêve Olympique. Malheureusement, lors de la première manche individuel seul Gonzalo TESTA ORNAT réussira a garder le sans faute alors que ses coéquipiers feront chacun une barre. La sentence est sévère : rétrogradation de 3 places au général et un rêve Olympique qui s'amenuise. « C'est vrai, mais c'est déjà très encourageant pour nous. Gonzalo est le seul cavalier amateur de notre équipe. Il a récupéré Mme Pompadour il y a seulement quelque mois en vue de ces championnats mais c'est probablement sa compagne, propriétaire de la jument, qui la remontera après. » Au départ, l'élève de Michel Robert était d'ailleurs réserviste mais l'équipe espagnole a dû faire face à la blessure de Grandino entraînant le forfait du cavalier des écuries Schockemoehle, Manuel Fernandez Saro. Pourtant notre interlocuteur, Sergio Alvarez Moya se montrera très enthousiaste : « Le reste de l'équipe est formée de 3 cavaliers professionnels installés en Belgique et en Hollande pour mieux pouvoir se confronter aux meilleurs cavaliers sur les meilleurs concours. Pour ma part, je ne pense pas que Le Reve de Nabab soit un cheval d'exception … mais c'est un cheval formidable pour m'aguerrir au plus haut niveau. Je pense que j'ai de très bons jeunes chevaux actuellement qui ne sont pas à vendre et j'espère être compétitif pour les prochains championnats d'Europe. » Deuxième à l'issue de la chasse, troisième après la première manche … la Suisse loupera le podium, Christina Liebherr étant la seule à signer le double sans faute. Au contraire des anglais, plus motivé que jamais, qui réussiront à agripper une médaille de bronze tant méritée. « On entend toujours que les frères Whitaker sont indéboulonnable de l'équipe, mais depuis Rotterdam, je ne les ai jamais vu aussi motivé pour des championnats » attestait leur équipier David Mc Pherson « Ils ont loupé les derniers Jeux Olympiques et nous ont dit qu'ils ne voulaient plus revivre ça. » Auteur d'une mauvaise deuxième manche, c'est en pleurs que Michael Whitaker sortira de piste. Une tristesse que ses équipiers s'efforceront à effacer de merveilleuse manière. John Whitaker réussissant un magnifique double sans faute qui effacera sans problème sa bévue du premier jour où, trop gourmant, le cavalier anglais avait heurté la dernière barre de la chasse. « On peut regretter une première manche un peu trop simple, mais je suis très content de Peppermill qui arrive à maturité. L'an dernier, j'ai dû faire beaucoup d'épreuves avec lui tout au long de l'année car il n'avait aucune expérience mais forcément, il était fatigué en fin de saison. Cette année, j'ai pu l'économiser en me concentrant sur ces championnats» expliquait le multi médaillé anglais. Mais la médaille d'argent des Allemands arrachée au forceps après les refus aussi spectaculaires qu'étonnant de Noltes Kuchengirl. Intriguant dans un premier temps lorsque la fille de Lord Z refusera d'approcher le double de mur en vague le premier jour, personne ne peut imaginer alors ce qui va se passer, l'équipe allemande elle-même pensant qu'un double sans faute de leur cavalier de tête est encore possible. Mais le lendemain, c'est la douche froide. Auteur d'une tour somptueux, Kuchengirl plante les freins au lieu de prendre sa battue dans le triple ! A l'issue de l'épreuve, l'équipe allemande au grand complet se retrouvera au paddock, mais la jument refusera le triple d'1m20 qui lui est présenté et l'équipe sera obligée de descendre les barres à 80 cm !!! « Je vis les jours les plus noir de ma vie » dira bien compréhensiblement Marcus Ehning « Je ne pense pas que repartir demain soit une bonne idée, mais si l'équipe me le demande, j'essaierai de faire ce que je peux. » Une mentalité exemplaire de la Mannshaft où aucun équipier ne laissera tomber Marcus Ehning qui fera tout son possible pour tenter l'irréalisable … mais tendu, il ne parviendra pas à vaincre le signe indien qui s'est acharné sur lui et après deux barres et beaucoup de crispation, Kuchengirl refusera de nouveau l'entrée du triple. Des jours difficiles pour Marcus Ehning qui devra essuyer une semaine plus tard deux refus de Sandro Boy sur un double de bidet dans le Grand Prix du Global Champion Tour ainsi que l'élimination de Cinderella le lendemain dans le Grand Prix quatre étoiles de Munich. Une période qui pourrait être difficilement plus noir pour le talentueux rouquin.

Avec une seule barre de Christian Ahlmann et Coster lors de la seconde manche de la Coupe, l'Allemagne perd sa première place provisoire. « Il faut être réaliste » affirmait Ludger Beerbaum «  au vue des circonstances, nous n'avons pas perdu l'or, nous avons gagné l'argent. Pour trois cavaliers, ne pas faire tomber une seule barre, c'est impossible, Christian n'a vraiment rien à se reprocher. Nous étions favoris, comme depuis de nombreuses années, mais nous n'avons pas toujours gagné … et je me demande bien qui va être le prochain favori des championnats suivants … . »

Un an après leur titre de champion du monde, les Hollandais remportent cette fois les Europe ! Une équipe très peu modifiée si ce n'est que l'expérimenté Piet Raymackers a laissé place au jeune Vincent Voorn sur Alpapillon Armanie.

Un choix payant pour Rob Ehrens puisque le jeune homme signa un double sans-faute en partant en première position. « Notre chef d'équipe savait que je ne me soucie jamais des parcours des autres cavaliers et que cela ne me dérange en aucun cas de partir en numéro 1 d'un Grand Prix. » Moment très émouvant en coulisse lorsque son père, Albert Voorn, médaillé d'Argent à Sydney, se remémore le parcours de son fils. « Je n'ai pas eu l'occasion de voir Vincent en concours l'an passé et c'est la première fois que je le vois cette année. Je suis fier car je me rends compte qu'il applique sur la piste tout ce que j'ai tenté de lui inculquer… (terminera t'il en pleure). En voyant cela, je me dis que je n'ai que 51 ans et que ma carrière n'est pas finie. J'ai un jeune cheval très talentueux et je veux revenir pour faire une coupe des Nations avec mon fils avant de faire une croix sur ma carrière. » La force de la Hollande ne vient pas de Mannheim, ni d'Aix la Chapelle … mais bien une histoire d'amitié entre les cavaliers hollandais actuels « Nous ne formons pas une équipe juste avec les 5 cavaliers présents » affirmait Jeroen Dubbeldam «  mais nous sommes une dizaine de cavalier à nous entraider sur chaque concours … c'est bien là que se trouve la force de la Hollande actuellement. Il y a quelque mois, Gerco Shroder m'a confié Eurocommerce Montreal car il n'y arrivait plus avec lui. Combien de cavaliers sont capable d'oublier leur égo et n'ont pas peur qu'un collègue fasse mieux qu'eux ? C'est la plus belle preuve de l'amitié qui nous lie» concluait le talentueux hollandais qui est en train de se former un palmarès digne des plus grands champions de la discipline. «  De Sjiem restera le cheval de ma vie car c'est le premier avec lequel j'ai remporté un titre, Olympique en plus ! Mais je pense que Up and Down (van de Paddenborre) est un crack. Cette année, il a encore pris en maturité et j'ai encore de bien meilleures sensations avec lui que l'an passé à Aix la Chapelle. Mais le véritable exploit de ce championnat viendra de la Norvège. Jamais citée dans les nombreux candidats Olympique, l'équipe de Sylce SÖDERSTRAND aura réussi à obtenir sa qualification au même titre que les Anglais et les Suédois. « Notre objectif était de nous qualifier pour la seconde manche » affirmait avec un grand sourire Morten Djupvik « Je suis d'autant plus ravi que mon propriétaire a décidé de garder Casino pour cet objectif alors qu'il était potentiellement à vendre …  »