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Cartaro, le joyau du haras des Vergers

Reportages mercredi 16 octobre 2019 Julien Counet

Fin septembre à Lanaken, l’étalon de 9 ans Cartaro (Carinue x Chacco Blue x Balou du Rouet) est le premier à s’élancer dans l’épreuve des Sires of the World. Il sort avec 4 points sous la selle de Cindy van der Straeten avec une prestation flamboyante.

Issu de la souche de l’étalon Landgold qui a évolué au plus haut niveau sous les selles de Katharina Offel et Grégory Wathelet, il possède un frère, San Chano (Sandro Boy), qui évolue également sur 1m50 et plusieurs frères et sœurs de sa mère évoluant à 1m50 au Grand Prix 1m60, dont Toulonia (Toulon) qui évolue au plus haut niveau au Mexique.

Il n’en fallait pas plus pour convaincre le jury du sBs de lui accorder son approbation sur performance.

« J’ai vu Cartaro pour la première fois fin de son année de 6 ans. C’était un peu après le Bundeschampionat. J’avais 40 de fièvre, je n’arrivais pas à monter correctement. J’ai fait cinq sauts sur 1m et j’ai dit, j’achète ! Il était tellement prodigieux. Paul Schockemoehle m’a dit « Non, non, mais il faut le réessayer » mais j’ai tout de suite dit que je le prenais. Honnêtement, ça ne m’arrive jamais d’acheter des 6 ans. J’ai plutôt tendance à les acheter poulains ou éventuellement dans une vente comme le frère de Balance, et encore moins des étalons. Nous avons déjà ici 3-4 poulinières ce qui nous donne déjà assez de jeunes chevaux. »

Mais pourquoi lui ?

« C’est difficile à dire mais c’était un peu le tout en un. Il avait l’équilibre, la tête, le respect. Il donne la sensation d’aller dans les étoiles directement même lorsqu’on lui met une croix à sauter comme il le fait toujours aujourd’hui sur les grosses barres. Il a tout ce que les chevaux que j’aime ont : il est super sensible avec beaucoup de sang mais en même temps sûr de lui. Il fallait juste le manager correctement. On a dû prendre notre temps avec lui car chaque fois qu’on lui faisait passer un palier, il pouvait avoir tendance à se percher trop haut au-dessus des obstacles. Il ne s’est jamais fait peur mais j’avais la sensation de ne pas avoir la sécurité de lui dire « on y va ». J’ai l’habitude de monter des chevaux chauds sans trop de jambe et ici, c’était différent. Du coup, je faisais un parcours plus haut et je redescendais derrière un peu plus bas. Que ce soit pour passer le cap des 125 puis 130, 140 ou 145, j’ai suivi le même procédé. Tout a été très progressif. Dès qu’il se sentait à l’aise, on le sentait mais dès qu’il s’inquiétait, il nous le montrait en faisant des sauts où il faisait presque le poirier tellement il sautait en l’air. Ça a pris du temps et je dois bien avouer que j’ai douté aussi. Jamais du cheval mais bien de ma capacité personnelle à réussir à l’emmener au haut niveau. Je ne me considère pas comme une cavalière du top mondial même si je participe à quelques cinq étoiles depuis quelques saisons. Du coup, j’en avais même déjà parlé à deux très bons cavaliers car c’est le premier cheval que j’avais envisagé de confier si je n’arrivais pas à passer le cap avec lui car je ne voulais pas qu’il passe à côté de sa carrière ; je suis en effet intimement persuadée qu’il a tout et qu’il peut tout faire. C’est évidemment une décision difficile quand on essaie soi-même à un bon niveau mais il faut aussi pouvoir rester réaliste face à ses capacités et à celles du cheval. Maintenant, nous venons de faire trois épreuves 1m50 qui se sont révélées très positives alors évidemment dans ces conditions, je le garde pour moi car je me fais vraiment plaisir à le monter. Cela nous a pris du temps mais j’ai réussi à l’amener où je voulais aujourd’hui et j’espère que ça continuera. C’est un cheval très sensible… mais qui est aussi très fort et je pense qu’il faut pouvoir le rassurer ; j’espère toujours être à la hauteur de son talent. Je me mets une pression énorme quand je le monte tellement j’ai du respect pour ses capacités, d’autant qu’il a un tellement bon caractère que je sais qu’il m’emmènera toujours de l’autre côté de l’obstacle, peu importe ce que je vais lui demander. Avec Balance, c’était un peu la même chose. C’était un cheval tellement sensible et respectueux que je me devais d’être à la hauteur d’un tel cheval. On a toujours envie de faire pour eux ce qu’ils font pour nous. On a parfois un peu moins d’appréhension avec d’autres chevaux où on sait que si on se trompe un peu, certes on aura une faute… mais ça ne remettra pas tout en question car ce n’est pas très grave… ni pour eux, ni pour nous. »

9 ans et de belles promesses !

« En plus de Lanaken, Cartaro a très bien sauté lors du Global Tour de Valkenswaard ainsi qu’à Londres. Maintenant, les épreuves 145-150, c’est sa vitesse de croisière. On voit qu’aujourd’hui, 1m50 ne lui pose aucun problème. Je pense que cela reste plus un cheval d’extérieur. Le monter dans des petites pistes, c’est assez physique pour moi. »

La gestion d’un étalon ?

« Gérer un étalon, c’est quelque chose que je n’ai encore jamais fait. J’ai bien eu des étalons comme Clapton ou Sherman Sitte mais nous les avons utilisés exclusivement pour nous. Ici, il y a beaucoup de demandes sur le cheval. C’est quelque chose de gratifiant, cela fait aussi partie du résultat du travail même si ce n’était pas mon but premier et c’est aussi une belle expérience. Cela permettra aussi de voir d’autres poulains de lui qui ne seront pas tous issus du haras des Vergers. Au départ, je trouvais ça chouette qu’il soit admis en Allemagne car ça me permettait de pouvoir l’utiliser sur mes juments si j’en avais envie mais je ne m’étais pas du tout projetée dans sa commercialisation. Assez étonnamment, même s’il n’avait pas fait grand-chose, dès son premier Global Tour l’an dernier, alors qu’il n’avait pas encore fait grand-chose, il y a tout de suite eu pas mal de gens qui parlaient de lui. Honnêtement, je n’avais même pas regardé la souche en l’achetant, j’avais juste vu que la mère était par Chacco Blue et tous les Chacco Blue que j’ai eu sont braves alors j’ai dit : c’est bon. J’ai quatre Chacco Blue, ils sont tous un peu différents mais ils vont tous au feu et on retrouve vraiment des caractéristiques chez eux. Cartaro est un cheval particulier, c’est un peu le cheval de Lucky Luke avec des taches brunes partout. Il est original et beau avec un style pour sauter qui est à la fois puissant et très souple dans son corps, tout en étant atypique. Quand on est dessus, on voit parfois ses antérieurs passer car à la place de les mettre sous lui, on a parfois l’impression sur les oxers que les antérieurs passent devant alors que quand on regarde la vidéo, pas du tout ! Sa souplesse et sa tonicité en font un cheval vraiment à part. Il se concentre juste un peu plus quand c’est plus haut mais il donne le même sentiment à son cavalier quand il saute une croix ou un gros obstacle. Dans notre élevage, je trouve que c’est un cheval assez simple à croiser car il est bien fait avec un beau modèle assez court et il a tellement de choses en lui qui me plaisent et que j’aimerais qu’il transmette car on n’a pas la chance d’avoir 36 Ferrari dans les boxes. »

E catch me des vergers (Cartaro & l'ancienne jument de Grand Prix Easy Going) 

Cartoon des vergers (Cartaro & l'internationale Fa-Belle van't Roosakker), âgé de 1 an