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Alexis Deroubaix, un homme de cheval existe encore

Reportages jeudi 6 septembre 2018 Julien Counet

Dernière partie de notre saga sur le cavalier du haras du Plessis.

Quel type de chevaux appréciez-vous particulièrement ?

« Il n'y a pas un type particulier. Les petits chevaux très dans le sang, avec beaucoup d'engagement, tendus dans le dos un peu à l'Américaine, qu'on puisse monter contre mais aussi tous les chevaux qui sautent bien, ça me va. On peut les monter tous je pense, il y a une façon de les signer un peu par rapport à ce qu'on fait, et à ce qu'on répète en tant que cavalier mais je pense qu'il y a des chevaux qui ont besoin d'être fermés pour s'engager. Je pense qu'il y a d'autres chevaux qui ont besoin que leur nuque soit haute comme Timon pour s'engager. Chaque cheval fonctionne à sa manière, ils ne peuvent pas être identique chacun fonctionne selon son physique. »

L'étalon de 7 ans Bornthis Way Chapelle (Kashmir van't Schuttershof x Capitol II) fait partie des grands espoirs d'Alexis Deroubaix pour le futur.

Maintenant que vous découvrez le haut niveau, qu'est-ce que vous voyez comme différence par rapport à l'évolution de votre carrière ? Qu'est-ce que ces concours-là ont de plus ? Est-ce que cela vous fait rêver encore plus maintenant ou pour toi, c'est pareil que d'aller faire 2 ou 3 étoiles ?

« C'est quand même plus sympa d'être sur un gros concours parce qu'on voit quand même des chevaux avant de sauter. Il y a une manière de faire qui n'est pas forcément la même quand on voit les Paddocks même le matin, c'est vachement intéressant. Cela m'a fait évoluer dans mon travail sur le plat par exemple ? Je demande à mes chevaux d'être plus connectés. »

L'appétit vient en mangeant…

« Oui, et puis j'espère bien que dans deux ans, on aura un effectif de deux ou trois chevaux pour sauter ça. Ce ne sera pas facile mais oui ça donne envie de faire du beau sport mais pas non plus de là à sacrifier sa vie pour être parti tout le temps non. J'aime bien aussi pouvoir rester chez moi. »

 A la maison, Alexis Deroubaix a pris pour habitude de monter tous ses chevaux sans muserole.

Ça c'est le côté qui est difficile justement quand on voit certains cavaliers qui sont tous les week-end partis ?

« Moi non ça ne m'intéresserait pas, mais pas du tout ! Je ne crois pas parce que j'aime bien être à la maison, monter les chevaux ici à la maison, fonder une famille plus tard on verra bien mais je pense que c'est un choix de vie un peu spécial. Enfin moi ça ne me plait pas déjà être parti quatre ou cinq jours sur un même concours, pffff … (rire) Enfin j'aime bien être chez moi le soir quoi. Après, il y en a qui le font tout le temps … mais ça devient chaud. Prendre l'avion, courir après … Non limite avoir des chevaux, se promener tranquille et puis viser un bon championnat quand c'est possible, ça c'est le top mais de là à courir après les ranking tous les week-ends, non merci. »

Vous comprenez ceux qui le font ? Vous comprenez ce système qui veut quand même ça aussi ?

« Ce système le veut mais je ne suis pas fan et je trouve que pour les chevaux c'est pourri. Je n'ai pas connu l'ancien système mais je pense que celui-ci un peu moins adapté aux chevaux et je pense que les hommes de chevaux disparaissent petit à petit. Avant un bon cavalier avait un très bon cheval, il faisait un vrai bon concours par mois et puis il y avait un roulement et là aujourd'hui, ce n'est pas pour critiquer les gens (rire) mais j'ai l'impression qu'il y'en a qui font cela un peu pour se valoriser et pas par amour du cheval, du boulot et de tout le reste. »

Ici quand on a un cheval comme Timon où les portes s'ouvrent finalement pour aller dans les grands concours, c'est parfois difficile de savoir dire « non tel concours on n'y va pas pour préserver le cheval » ?

« Je ne sais pas si c'est difficile mais on le fait. Lorsque Timon avait 9 ans, nous avions fait une bonne Coupe des Nations et on nous a proposé une autre qui s'enchainait directement, nous avons décliné. Il n'avait que 9 ans et on a préféré le faire tranquille, tranquille. Le cheval a toujours été bien physiquement et moralement… justement parce qu'on a fait ces choix là aussi. Mais oui, ce n'est pas évident. Lorsque nous sommes rentrés de Rotterdam, on a dit 3 semaines et 3 week-ends, sans concours, sans sauter rien du tout même si on nous propose quelque chose. C'était plus sain mais ce n'est pas évident ! »

 Alexis Deroubaix fut sacré champion de France des 5 ans à Fontainebleau avec Undoctra d'Helby qui avait déjà remporté le titre à 4 ans.

Ça c'est vraiment des décisions collégiales ?

« Oui oui. De toute façon, si je pense que mon cheval est fatigué, je n'aime pas ça, ça va me trotter en tête, je vais me dire « Oh, il saute encore » et je ne vais pas être performant parce que je vais me dire « ça me chier qu'il saute aujourd'hui » ! Je ne vais pas me donner à fond. Moi je pense que pour être tout le temps dans le poteau, il ne faut plus rien avoir à foutre des chevaux. Non mais c'est vrai, il faut le dire ! Moi si je suis sur mon cheval, que je le sens fatiguer, je ne vais pas être dans le coup et ça, ça m'agace. Un cheval comme Aldo du plessis qui n'a que 8 ans, il fait deux tours par week-end, troisième jour, je me dis ok, allons y tranquille après je pense que veillir c'est mieux. »

 Alexis Deroubaix ont reçu à Genève leur première opportunité de se tester au plus haut niveau.

Qu'est-ce que vous espérez pour la suite ?

« Que ça continue le plus longtemps possible avec Annick et André et qu'on évolue ensemble tous les trois comme on fait là. Cela fait trois ans et j'espère que dans trois ans je serai toujours ici …  »

Je me souviens quand vous avez commencé ici vous avez dit que c'était vraiment pour arriver au haut niveau. Maintenant, vous y êtes mais finalement, vous avez l'air presque surpris que non seulement ça a été aussi vite mais que vous soyez arrivé jusque-là ?

« Oui… Surpris, je ne sais pas trop en fait parce que ça s'est fait au compte-goutte et puis je me chauffe pas trop la tête, rien n'est gagné. Demain, on peut retourner faire de la 135 et faire le métier qu'on aime …  »

Pour vous, ce ne serait pas un problème ?

« Il est sûr que ce serait moins agréable mais c'est pour ça quand on y arrive, il ne faut pas se chauffer la caisse et il faut rester tranquille à sa place. Je pense  que c'est le meilleur moyen de ne pas devenir frustré (rire). Il y a autre chose que ça dans la vie mais il faut aussi profiter de ces bons moments. »

Qu'est-ce qu'il y a d'autre dans la vie justement ?

« Passer du temps chez soi pour plus tard faire une famille, être bien accompagné. »

Est-ce qu'il y a d'autres passions que vous avez ?

« J'adore les voitures … même si j'ai une petite voiture. Après j'aime me retrouver avec les copains le soir, faire des barbecues. On n'a pas de temps pour des hobbies à côté qui prennent du temps ça … car nous vivons déjà de notre passion. »

 Fin...