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Acte 2 : Farrington gagne, Guerdat et Delaveau en tête !

Reportages samedi 19 avril 2014
Longines FEI World Cup Jumping Final
Lyon 2014 - épisode 2. Ils ne sont plus que 38 en lice ce soir pour la deuxième manche de la finale de la Coupe du monde, dans une salle lyonnaise certes plus remplie que la veille, mais pas comble. Pourtant l'élite du saut d'obstacle mondial va faire trembler le sable dans une soirée surréaliste. Le scénario débute avec le cavalier letton Kristaps Neretnieks, qui ouvre le parcours en compagnie de Conte Bellini, étalon fils de Cornet Obolensky et propre frère de Monte Bellini, et signe d'emblée un parcours sans-faute. Sans vouloir ternir le mérite de ces derniers, auteurs d'un parcours très propre, il n'en pas moins tentant de penser : « trop facile ce parcours ? » Mais non, les trois cavaliers suivants écopent de 4, 4 et 8 points. Vient le Brésilien Yuri Mansur Guerios et un superbe tour sans pénalité en compagnie de First Devision (Andiamo), très aérien, ne lâchant rien jusqu'à la ligne d'arrivée. Encore 12, 8 et 4 points avant de voir un troisième couple se qualifier pour le barrage : Lars Nieberg et sa fidèle Leonie W (Lorenco), malgré une touchette en entrée de triple et un peit « hey » d'encouragement sur l'oxer final numéro 13. Puis 4 et 11 points avant de saluer le tour très sérieux, de A à Z, signé Charlie Jayne et Chill R Z (Chellano Z). Une petite faute du splendide H&M Tornesch (Lux Z), pourtant rayonnant aux commandes de Malin Baryard-Johnsson… et l'élimination triste du jeune Nicola Philippaerts qui participait à sa première finale de Coupe du monde avec la toute bonne mais encore inexpérimentée Donatella-N (Vigo d'Arsouilles) qui n'aura pas apprécié une entrée trop forte dans le double et se venge sur le délicat vertical Airbus Group le suivant immédiatement. Encore deux sans-faute : la très jeune amazone américaine Katherine A. Dinan et son génial Nougat du Vallet (Scherif d'Elle), habilement armé, et enfin l'Australienne Edwina Tops-Alexander, en rappel sur son superpuissant Ego van Orti (Vigo d'Arsouilles). Et nous voilà à mi épreuve avec 6 barragistes… oui mais les meilleurs sont à venir ! Alors certes il y aura quelques petites fautes : une bête barre pour Simon Delestre et Valentino Velvet (Indoctro) sur le vertical numéro 3, l'abord trop long de la ligne 8-9ab de Luciana Diniz et Fit For Fun 13 (For Pleasure), deux barres de Tinka's Serenade (Tinka's Boy) pour Billy Twomey. Et une petite désillusion le Marocain Abdelkebir Ouaddar qui écope de 3 barres de Quickly de Kreisker (Diamant de Semilly) entre deux ruades. Tous les autres seront sans-faute ! Soit 15 couples supplémentaires ; ou quand le barrage devient une deuxième épreuve à 21 partants… A ce jeu-là, le premier sans-faute est signé Charlie Jayne, l'américain audacieux qui le premier tente et réussit à passer devant le vertical 10 et prendre l'option rapide sur la palanque numéro 6 : 42"52 comme temps de référence. Seul autre sans-faute des premiers qualifiés, celui d'Edwina Tops-Alexander, dans le temps très large de 50"51. En roue libre ou presque, un américain en chasse un autre et Kent Farrington prend la pole position avec Voyeur (Tolano Van't Riethof) avec le chronomètre ahurissant de 39"69. Pour le Français Kevin Staut en revanche, tout espoir de Coupe s'éloigne définitivement lorsqu'après une première faute en entrée de double, Silvana HDC met les freins sur le vertical Airbus. Devant, plusieurs stratégies se déploient : aller pas trop vite (mais pas trop doucement non plus) et assurer le sans-faute pour ne pas trop dégringoler dans le classement. Oui mais faut-il encore sortir de piste avec un score vierge, ce que ne parviendront pas à faire Michael Whitaker, McLain Ward, Ludger Beerbaum ou Pius Schwizer. Par contre contrat rempli pour Scott Brash, Marcus Ehning, Christian Ahlmann, Maikel van der Vleuten ou encore Patrice Delaveau, tous sans-faute avec un chronomètre entre 43"66 et 41"66… et à ce rythme-là, ce n'est pourtant pas une ballade de santé mais bien un tracé serré avec les options. Et puis il y a ceux qui auront essayé d'aller chercher Kent Farrington, mais qui auront échoué pour quelques grammes de trop sur les rênes… en imprimant un tempo presque déraisonnable à leur monture, et auront malgré tout réussi le pari de ne pas renverser une barre : Beezie Madden, qui décroche sans doute le prix du virage le plus court pour aller chercher le vertical numéro 5 à l'entrée de piste, et prend la 3 ème place de l'épreuve en 40"35 avec Simon (Mr. Blue), Daniel Deusser et Cornet d'Amour, irréprochables en 40"61, sont 4 èmes , ou encore Steve Guerdat et Nino des Buissonnets, dans un numéro d'équilibristes en 40"29, qui doivent se contenter de la 2 ème place ! Résultat des courses (c'est le cas de le dire), le Suisse Steve Guerdat et le Français Patrice Delaveau sont en tête du classement provisoire, ex-aequo avant la finale en deux manches de lundi (0 point). Ils devancent les Allemands Daniel Deusser (2 points) et Ludger Beerbaum (4 points), à égalité de points avec Beezie Madden et Pius Schwizer. Viennent ensuite Christian Ahlmann, Maikel van der Vleuten et Scott Brash (5 points), puis Kent Farrington et Marcus Ehning (6 points), qui sont 10 èmes ex-aequo. Pointé comme l'un des favoris, Marcus Ehning pointe néanmoins à plus d'une barre malgré deux jours impressionnants de Cornado, le jour de son 40ème anniversaire. « Je pense qu'il ne faut pas oublier qu'il s'agit de notre premier championnat. Je ne sais pas encore exactement comment il réagit et c'est vrai que les 21 barragistes ne nous ont pas avantagé. Je n'ai pas osé prendre trop de risque car il ne faut pas oublier que lundi, il nous reste encore deux manches très difficile et je veux être sûr que Cornado soit encore tout à fait aux ordres. Je suis très content de son comportement jusqu'à présent et c'est le plus important. » A la question « combien de barragistes souhaitez-vous samedi ? » Frank Rothenberger avait répondu vendredi « 8 ou 10, pas plus », précisant bien que le temps serait le facteur à maîtriser. Alors que s'est-il passé ce soir à Eurexpo Lyon ? « Le temps n'a pas été un facteur déterminant ce soir. Le parcours était assez gros, assez difficile, et définitivement il n'y aurait pas dû y avoir 21 barragistes. Le temps était trop large », expliquera Frank Rothenberger, les lèvres pincées. « Quand on a marché la piste, ce n'était pas facile du tout, il y avait 4 foulées et demi avant la combinaison, mais cela a finalement été modifié avant le début de l'épreuve. Mon cheval va très vite et saute de mieux en mieux quand je le laisse faire, c'est donc ce que j'ai fait au barrage », commente Kent Farrigton. « J'étais très motivé, cette finale me tient à c?ur, d'autant plus que je suis déjà passé à côté, j'essaye de me battre pour ne pas faire une faute bête et continuer avec la chance de mon côté jusque lundi », explique Steve Guerdat. « Pour le moment mon cheval ne touche pas une barre, je ne suis pas allé trop vite pour éviter une faute bête, mais pas été trop lent pour perdre des points, mais j'ai été obligé de remettre une foulée dans la dernière ligne car ça ne sortait pas du tout sur le dernier, mais ok c'était possible de gagner une seconde sans cette reprise, mais voilà il fallait bien choisir sa stratégie et voilà, ça a été mon jour de chance », réagit Patrice. Pour Daniel Deusser : « c'est difficile de partir dans un barrage à 21. C'était difficile aujourd'hui de battre Kent, alors en choisissant l'option d'un risque moyen, j'ai obtenu un résultat satisfaisant ».

Mais alors pourquoi ne pas avoir changé le temps ? « Les juges sont sur la piste pendant que le mesurage de l'épreuve », reprend Frank Rothenberger très agacé, qui finit par craquer, « normalement on doit suivre le chef de piste si ce dernier pense qu'il faut raccourcir le temps après les 3 premiers partants. Ce qui a été le cas ici, mais « on ne va rien changer », voilà ce que les juges ont dit à ce moment-là et le temps n'a pas été modifié. J'aurai souhaité qu'il soit abaissé à 72 ou 73 secondes au lieu de 76. »

« Les règles n'ont pas changé », intervient John Roche, directeur chargé du CSO à la FEI, « il y a une vitesse fixée [ndlr : 350 m/min en indoor et 400 m/min en outdoor. Il aura été remarqué que la piste de Lyon était particulièrement grande, ce qui pourrait justifier d'utiliser la vitesse réservée aux épreuves en extérieur] et cette vitesse est appliquée à la distance mesurée pour la ligne idéale. Il a parfois des concours où on change trop vite le temps alors que les premiers partants ont été particulièrement rapides et qu'il n'aurait donc pas dû être modifié ».

« Pourquoi commencer à appliquer les règles aujourd'hui, en finale de Coupe du monde ? », s'étonne le champion olympique en titre Steve Guerdat, « le chef de piste a plus de compétence que n'importe quel juge pour décider du temps qu'il faut appliquer. Je pense que ce soir, tous les chevaux sont heureux que le parcours n'ait pas été encore plus gros que ce qu'il l'était ! Il me semble que c'est beaucoup mieux pour eux d'avoir un temps plus serré. ». Demain samedi, une réunion, prévue de longue date, réunira les meilleurs chefs de piste de la planète et John Roche l'a promis : ce sujet fera partie de l'agenda !