Notre site web utilise la publicite pour se financer. Soutenez nous en desactivant votre bloqueur de publicite. Merci !

Avec Harrie Smolders, Ecclestone s’apprête à marcher sur les traces d’Escape et Emerald

Ecclestone
Elevage samedi 4 mai 2024 Mélina Massias

Avec son passage de dos spectaculaire, ses nombreuses qualités athlétiques et un pedigrée qui détonne, Ecclestone n’a pas tardé à faire parler de lui. Double petit-fils de la brillante Promesse, mère des étalons Escape et Untouchable 27, le grand alezan a rejoint le piquet du Néerlandais Harrie Smolders début avril. Leur première apparition publique, lors d’une présentation d’étalons organisées par le numéro neuf mondial, a rapidement fait le tour de la toile. À tout juste six ans, la nouvelle pépite de l’élevage d’Yvonne Copal et de Willem van Hoof semble bien partie pour suivre les traces de ses illustres ascendants. 

Ecclestone. Voilà un nom à retenir. Âgé de six ans, ce grand alezan, fils d’Escape et petit-fils de Cassini II, a entamé un nouveau chapitre dans sa jeune carrière le mois dernier, en intégrant le piquet du Néerlandais Harrie Smolders, ancien cavalier de son père, désormais sous la selle de la jeune Suédoise Ida Selin, mais aussi de son grand-père paternel, Emerald van’t Ruytershof. Puissant et doté d’énormes moyens, l’étalon Zangersheide détonne aussi par son pedigree, puisque la géniale Promesse, mère, entre autres, du très prisé Untouchable 27, est sa grand-mère par deux fois, côté maternel mais aussi paternel ! Ce pari génétique, pris par le discret mais ô combien talentueux Willem van Hoof a plus que porté ses fruits.

Le jeune et prometteur Ecclestone ne peut guère renier son grand-père, Emerald van't Ruytershof. © Anna Faire Photography

“J’ai toujours aimé utiliser un peu de linebreeding dans certains croisements. Dans le cas d’Ecclestone, c’était plus qu’un peu, comme pour United Touch S !”, s’amuse Willem van Hoof, qui a vu naître quelques excellents chevaux dans ses prairies néerlandaises, situées à une trentaine de kilomètres à l’est d’Eindhoven et non loin de la frontière belge. “Je crois dans le linebreeding et on constate de plus en plus que cela peut apporter quelque chose de vraiment spécial, mais ce n’est pas magique pour autant. Surtout, je ne souhaite pas reproduire ces croisements consanguins trop souvent. Que cela débouche sur un étalon comme Ecclestone est fantastique, mais je ne pense pas que l’on doive faire cela tout le temps. Je n’ai pas recours au linebreeding de façon systématique, ni chaque année. Dans le cas d’Ecclestone, nous avons également eu de la chance avec sa lignée et notamment sa grand-mère, Promesse.” 



Promesse tenue

Depuis 1999, Willem van Hoof et sa compagne, Yvonne Copal, font naître des chevaux de sport, destinés au dressage mais surtout au saut d’obstacles. “J’ai toujours dit à ma compagne que lorsque nous commencerions l’élevage, nous miserions sur la qualité. Nous avons alors achevé cinq juments : Promesse, une fille d’Heartbreaker et Carthago, une Carthago x Voltaire, une Carthago x Farmer, une Quidam x Zeus et une Heartbreaker x Cantus. Au fil des années, nous nous sommes appuyés sur ces lignées. Avec le recul, je dois dire que la meilleure souche est celle de Promesse. Pour nous, tout a commencé avec elle. Lorsque nous l’avons acquise, elle avait deux ans et des qualités au-dessus de la moyenne. Je pense qu’Ecclestone a hérité cela d’elle. Elle était vive et très intelligente. Le premier poulain qu’elle nous a donné était un fils de Hors La Loi II : Untouchable 27, qui fait désormais le bonheur du Groupe France Elevage. Nous avons reçu beaucoup d’offres pour la vendre lorsqu’elle était jeune, mais nous l’avons toujours conservée, comme toutes ses filles. Cela a été difficile. Nous étions jeunes et l’argent de sa vente ou de celles de ses pouliches aurait pu nous être utile, mais nous avons résisté. À nos yeux, il n’y a aucune coïncidence dans le fait que les filles de Promesse produisent à leur tour très bien. Tous les descendants de Promesse, tout comme ceux de ses filles, sont qualiteux. Elle a véritablement imprégné cette lignée de ses gènes. C’est super de connaître cette réussite dans une vie d’éleveur”, sourit le sympathique Néerlandais, qui voit naître une vingtaine de produits chaque année au sein de son élevage.

Promesse, mère du célèbre Untouchable 27, est la grand-mère du jeune Ecclestone par deux fois. © Collection privée

Premier produit de Promesse, Untouchable 27 n’est plus à présenter. Étalon à succès, le gris a également concouru au plus haut niveau, aux côtés de Daniel Deusser mais aussi du Danois Andreas Schou, entre autres. Après ce premier produit, la grise, enregistrée au stud-book KWPN et née chez les familles van Enckevort et Vester, a donné quatre femelles, puis l’étalon Escape, une nouvelle pouliche en 2017 et enfin un troisième et dernier étalon : Catch Me If You Can (Cornet Obolensky, né Windows van het Costersveld). “Parmi les produits des filles de Promesse, nous avons un descendant d’une fille d’Ogano Sitte et de Nixon van Meulenhof qui est approuvé et se nomme North Cape, Ecclestone, un petit-fils de Cassini II, mais aussi Highlight, dont la mère est une fille de Quinar et qui a été acquis par Cian O’Connor (en 2020, été castré et n’est pas encore apparu sur la scène internationale, ndlr). La lignée a très bien produit”, précise l’éleveur. 

Catch Me If You Can, l'un des prometteurs étalons représentants la lignée maternelle de Promesse. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Malgré ses très nombreuses qualités à l’élevage, Promesse a eu un nombre de poulains des plus normaux, avec une dizaine de produits. “Promesse a désormais vingt-sept ans”, reprend Willem van Hoof. “Je dois être honnête : obtenir des embryons a toujours été compliqué avec elle. J’ai utilisé l’ICSI à trois reprises, ce qui a débouché sur la naissance d’un unique embryon par Chacco-Blue. Mais le recours à l’ICSI est trop coûteux. Et puis, j’aime le fait que cette lignée maternelle reste assez exclusive. Il y a relativement peu de descendants, et ce n’est pas plus mal. Je n’ai pas l’ambition de créer une usine financière avec mes chevaux ; pas du tout. Promesse profite de sa retraite, au pré. Elle a fait plus qu’assez.”

Untouchable 27, ici sous la selle de Daniel Deusser, demeure pour l'heure le plus célèbre descendant de Promesse. © Dirk Caremans / Hippo Foto

“Dès sa première minute de vie, Ecclestone avait la personnalité d’un roi”, Willem van Hoof

Croisée à Cassini II, Promesse donne Cinderella en 2008. Quatre ans plus tard, la grise laisse à son éleveur l’étalon Escape, produit du génial Emerald van’t Ruytershof. Alors que Cinderella a déjà eu trois poulains, Willem van Hoof décide de marier sa belle à son frère utérin, Escape, alors encore aux prémices de sa carrière. “À ce moment-là, nous avions cette fille de Cassini II, et étions toujours propriétaires d’Escape, à qui nous faisions déjà confiance à l’élevage. Nous lui avons donc confié cette jument. J’espérais obtenir une femelle, afin de conserver ses gènes dans notre élevage, mais nous avons eu un étalon”, retrace le Néerlandais. “Dès sa première minute de vie, Ecclestone avait la personnalité d’un roi. Il avait quelque chose de vraiment spécial en lui. Il est extrêmement intelligent, et est presque comparable à un humain. Lorsqu’il est quelque part, il connaît le jeu : il voit le public, veut bien faire et prend du plaisir dans ce qu’il fait. Comme Untouchable et Escape, il est très gentil. Il est grand, mais absolument adorable. Il a un mental en or et se donne toujours à trois cents pourcents en piste. C’est exceptionnel. Lorsqu’il a eu deux ans et demi, nous avons commencé à le faire sauter en liberté, puis l’avons emmené à l’approbation Zangersheide, où il a été admis. Comme je l’avais déjà fait pour Escape, j’ai vendu la moitié d’Ecclestone à la cavalière britannique Danielle Ryder. Après son approbation, Ecclestone l’a rejointe outre-Manche afin de débuter sa formation. Là encore, il s’est montré incroyable. Il a brillé à quatre et cinq ans dans les épreuves réservées à sa classe d’âge et a suscité de plus en plus d’intérêt.” 

Ecclestone, déjà impressionnant à dix minutes de vie ! © Collection privée

Le plaisant alezan lors de l'approbation Zangersheide, en 2021. © Collection privée



Alors que le jeune talent fait de plus en plus de bruit sous la selle de Danielle Ryder, qui a donc également assuré la formation de son père, Escape, et est toujours en charge de la valorisation de Catch Me If You Can après avoir monté plusieurs autres représentants de cette lignée, Harrie Smolders ne tarde pas à se manifester. “J’ai vu Ecclestone pour la première fois il y a quelques années, puisque je garde un œil sur les produits d’Escape. Ecclestone était déjà remarquable lorsqu’il était jeune. J’étais déjà en contact avec Willem van Hoof et Danielle Ryder grâce à Escape. J’ai toujours suivi Ecclestone et j’ai essayé de l’acheter il y a plus d’un an ! J’ai finalement réussi et en possède désormais une part avec Danielle et Willem”, se réjouit Harrie Smolders. “Je connais bien Harrie et il m’avait fait part plusieurs fois de son intérêt pour Ecclestone”, confirme l’éleveur du grand alezan. “Le mois dernier, tout a semblé s’aligner : Escape a été vendu et Ecclestone a rejoint Harrie. Jusqu’à présent, il s’agit d’une histoire vraiment spéciale. Nous verrons ce que le futur réserve à Ecclestone, mais ce qu’il nous montre jusqu’à présent n’est pas normal ; c’est exceptionnel.”

Escape, le père d'Ecclestone, est décrit comme un véritable battant par son éleveur, qui a eu le plaisir de le voir décroché de nombreux classements internationaux avec Harrie Smolders. © Sportfot

Toutes les cartes pour briller

Pour ses premiers pas avec Ecclestone, Harrie Smolders a choisi sa propre présentation d’étalons, organisée dimanche 7 avril et disponible en replay sur Clipmyhorse.tv. “Ecclestone dégage une vraie présence. Il doit toiser aux alentours d’1,72m, a beaucoup de puissance, est très athlétique, quitte le sol très rapidement, a des moyens, une bonne technique : pour moi, c’est un phénomène dans la qualité qu’il démontre”, assure l’actuel neuvième meilleur cavalier du monde. “Il est encore difficile de prédire jusqu’où il ira, mais il a énormément de potentiel et de multiples qualités. Côté caractère, il a du sang, est sensible mais aussi adorable. Lors de notre présentation d’étalons, il a été fantastique. Pour l’heure, il est encore trop tôt pour se fixer des objectifs avec lui. Le plus important pour moi est qu’il reste au niveau de sa classe d’âge. Il n’a pas besoin de faire plus. Tant qu’il reste dans les clous de ses conscrits, cela me suffit. Je pense qu’Ecclestone va beaucoup faire parler de lui et je suis vraiment impatient de voir la suite avec lui.” 

Ecclestone, roi de la présentation d'étalons organisées début avril par la famille Smolders ! © Anna Faire Photography

L’histoire entre Ecclestone, son éleveur et son nouveau cavalier est d’autant plus belle que ce dernier a monté son père, Escape, son grand-père paternel, Emerald van’t Ruytershof, et connaît de grands succès avec un autre petit-fils de Cassini II, Monaco. “Ecclestone me rappelle un peu Emerald. Il a peut-être même plus de force que lui, mais avoir la même carrière que son grand-père ne sera pas chose aisée. Je suis impatient de poursuivre l’aventure avec Ecclestone, étape par étape. Je pense qu’elle sera très intéressante. Je me suis rendu compte récemment que j’avais eu plusieurs chevaux avec le sang de Cassini I (qui est également le père de mère d’Uricas vd Kattevennen, son partenaire des derniers championnats d’Europe et lauréat de deux Grands Prix 5* en 2023, ndlr) ou II côté maternel dans ma carrière. Il s’agit d’une coïncidence, dans le sens où je n’y ai jamais vraiment pensé ni n’ai cherché ce courant de sang en particulier”, glisse Harrie Smolders, qui confie également n’avoir jamais monté un cheval présentant un inbreeding aussi rapproché. “Mais s’ils sont tous comme Ecclestone, ce n’est pas dérangeant”, rigole-t-il. 

À l’élevage comme dans le sport, une grande et belle carrière semble attendre ce phénomène en plein essor. “Je crois qu’Ecclestone a envie de devenir célèbre”, imagine son naisseur. “Nous lui avons désormais donné tous les moyens pour y parvenir, mais le chemin est encore long.”

Emerald van't Ruytershof, ici aux Jeux olympiques de Rio, a ouvert la voie à son petit-fils, Ecclestone. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Photo à la Une : Harrie Smolders et Ecclestone en pleine démonstration lors de leur première apparition publique. © Elianne Castelijns